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Festival Ânûû-Rû Âboro 2012
La 6ième édition du festival
Le "Cinéma des peuples" d’Ânûû-rû âboro
Du 26 octobre au 4 novembre 2012

Festival 2012

La 6ᶱ édition du festival international du cinéma des peuples, piloté par l’association Ânûû-rû Âboro, du 27 octobre au 4 novembre 2012 à Poindimié.

Éditos

Paul Néaoutyine
Président de la Province Nord

En six ans Ânûû-rû Âboro s’est ancré dans le paysage audiovisuel du pays et jouit, hors de nos récifs, d’une bonne cote d’estime. Ce résultat est le fruit croisé du savoir-faire des organisateurs du festival et de la volonté politique de la Province Nord. Celle-ci s’emploie non seulement à soutenir le festival dans ses ambitions croissantes mais aussi, à travers l’association Ânûû-rû Âboro, à soutenir la production locale. Le paysage audiovisuel du pays est en pleine mutation avec l’arrivée de la TNT et de nouvelles chaînes locales. Comment répondre à la demande de productions locales ? Comment faire exister notre Pays et son image dans le flot des images venues d’ailleurs ? C’est tout l’enjeu des années qui viennent. L’économie du cinéma en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, et particulièrement en Province Nord, est embryonnaire. Il convient donc de structurer une filière de production des films du Pays. Le cinéma, notamment documentaire, ne peut se passer de l’investissement des pouvoirs publics, c’est vrai en Europe, ça l’est encore plus dans notre Pays. Structurer une économie de la production, cela signifie passer du coup par coup à une politique réfléchie, c’est à dire passer du soutien à des films individuels à un soutien affirmé au regroupement des moyens intellectuels et techniques. Ânûû-rû âboro est la structure toute désignée pour mener à bien la politique provinciale de soutien à la production locale, c’est la mission que je lui confie.

Ânûû-rû Âboro « L’ombre de l’homme » s’enracine…

6 ans, c’est bien assez, finalement, pour avoir des traditions. Et paradoxalement « l’ombre de l’homme » s’enracine, dans ses convictions, et dans son territoire. Fidèle à ses engagements, le festival associe les valeurs Ânûû-rû Âboro à l’exigence cinématographique, en entretenant un dialogue constructif avec son public.

En conservant intact notre engagement envers les causes qui nous semblent les plus justes, et notre indéfectible solidarité envers les plus asservis et les plus démunis, nous vous proposons pour cette sixième édition, dans nos différentes compétitions, ce qui nous semble le plus riche. D’un cinéma documentaire de création qui ne s’adresse pas qu’au cinéma, mais aussi à tous ceux qui ont envie de voir, de sentir, et de questionner le monde d’aujourd’hui.

Nous avons choisi cette année, pour notre journée thématique, d’honorer en toute modestie au regard de son immensité, de la complexité de la tâche, et de ses considérables richesses, le continent africain. Et d’offrir tout naturellement d’une part, cet espace de découverte au travail de nos amis de « Lumière d’Afrique ». Véritable pépinière d’œuvres et de nouveaux cinéastes qui nous donnent désormais, avec des films issus de programmes pédagogiques ou d’expériences prometteuses, d’autres nouvelles d’un continent encore trop souvent réduit aux archétypes et à l’actualité tragique. Des images africaines faites pour l’Afrique. Sans exotisme, ni condescendance, qui ne sont pas réalisées pour distraire, mais qui sont portées par le désir de changer le réel, et celui d’offrir les outils d’émancipation individuelle et collective des personnes filmées.

Et d’autre part un volet consacré à l’Egypte, pour un espace sur l’actualité africaine. Sous le flot d’informations, on perçoit ce pays comme un volcan avec la place Tahrir comme cratère, et l’on ne voit plus vraiment derrière ces images urgentes, de transition démocratique incertaine, de révolution culturelle et de soulèvement populaire, l’individu. Et grâce à des films intimistes, tournés à l’intérieur d’un taxi dans la nuit du Caire, ou dans l’intimité des foyers, on découvre des femmes et des hommes, surprenants dans leurs activités, leurs dialogues et leurs aspirations.
Nous sommes submergés d’images et d’informations, mais qui n’ont plus le temps de nous parler, plus le temps de nous écouter. L’histoire, l’actualité ou le reportage ne sont plus les vrais outils permettant d’aborder le monde contemporain.
Et le documentaire, tout comme l’art, devient une nécessité.
Il permet souvent de cerner mieux son sujet, que maints reportages narratifs. Il nous « parle » de ce réel, souvent écorché par le temps de l’information. Il dépasse son sujet, il le transcende, pour finalement produire du sens, modifier durablement le regard et décoloniser nos esprits.

René Boutin
Directeur artistique du festival Ânûû-rû Âboro